Quand le journaliste se rend compte de son inutilité, il se prend à se dévisager, se dire qu’il n’existe aucune raison pour qu’un homme si important que lui, ne puisse être écouté.
Quand l’homme politique se rend compte de son inefficacité, il se voit plus haut et plus loin qu’aucun homme avant lui et s’excuse en se disant qu’un homme aussi haut que lui ne peut être que dépassé par sa tâche.
Quand le philosophe, plein de sa libre expression, se figure qu’il ne sera lu et écouté que quand la bataille voir la guerre sera bien dépassée, il en vient à se dire que de philosophie n’est utile que celle que l’on garde à soi-même.
Quand le diplomate se trouve manipulé par des intérêts plus importants que lui, qu’il exprime de ses mots les pensées que lui-même ne tient pas à penser, il entrevoit enfin l’absurdité sublime de sa propre fonction.
Quand le peuple vient à gronder à se rendre à raison, compte de sa pauvre vie, de sa maigre condition, il en vient à penser que ces chaines invisibles sont nettement plus solides que celles des prisons.
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